Fait marquant, la production d’électricité a baissé de 7,4 % (soit 5,8 TWh) entre 2023 et 2024 pour s'établir à 72,2 TWh, malgré l’augmentation de la consommation. En effet, l’augmentation des importations, en particulier depuis la France (voir plus loin), a permis de réduire la sollicitation des moyens thermiques : la baisse de production a concerné essentiellement le gaz, avec 4 TWh en moins (-25 %), et dont la part dans le mix est passée de 20 % à 16 %. La production éolienne a également diminué, de 1,6 TWh, du fait des conditions météorologiques peu favorables, mais elle a tout de même représenté 18 % de la production, comme en 2023. La production solaire a augmenté de 1,1 TWh grâce au développement du parc, pour atteindre 11 % du mix. La production des autres filières n’a que peu varié entre 2023 et 2024. Notamment, la production nucléaire est restée stable, représentant 41 % du mix de production. Après les fermetures des centrales nucléaires de Doel-3 en 2022 et de Tihange-2 en 2023, le parc nucléaire belge n’a pas évolué en 2024. L’année 2025 devrait voir la fermeture échelonnée des réacteurs Doel-1 (février), Tihange-1 (octobre) et Doel-2 (décembre), Ces réacteurs ont produit 10,3 TWh en 2024, soit 14,3 % de la production totale. Les deux autres réacteurs en activité (Tihange-3 et Doel-4) devaient initialement également fermer en 2025, mais un projet de prolongation jusqu’en 2035 est en cours. Structurellement, comme dans les autres pays européens, la production fossile a fortement diminué au cours des dernières années, passant de 33 % du mix en 2014 à 16 % en 2024, au profit de la production renouvelable, dont la représentation dans le mix est passée de 11 à 29 % sur la même période.
Le système électrique belge étant relativement « petit » par rapport à celui de la France, de l’Allemagne ou de la Grande-Bretagne voisines, il est habituel que le volume de production varie de manière significative d’une année sur l’autre, en fonction des échanges d’électricité avec les autres pays. Au cours de la période 2010-2024, la variation entre la production annuelle minimale (2015) et la production annuelle maximale (2021) a été de 28 TWh, un volume qui est équivalent à environ 40 % de la production de 2024. Au cours de la même période, la variation entre le plus faible volume de production annuel et le plus élevé a été de 104 TWh pour la France, ce qui représente 24 % de la production de 2024. Il s’agit donc pour la France d’une variation moins significative en proportion, malgré la baisse historique de la production en 2022 sous l’effet de la crise touchant le nucléaire et l’hydraulique. Par ailleurs, en 2024, les volumes exportés par la Belgique ont représenté 32 % de la production, contre 20 % pour la France, alors que la France a atteint en 2024 un record historique d’exportation.
Le volume d’importations a atteint 33 TWh en 2024, un record pour la Belgique, qui n’est pas un pays structurellement importateur (notamment, entre 2020 et 2022, le solde avait été exportateur). En analysant les échanges par frontière, la principale évolution par rapport à l’année précédente concerne le solde des échanges avec la France, devenu très importateur en 2024. Notamment, le volume net importé par la Belgique depuis la France équivaut à près de 18 % de la consommation belge, alors que le solde entre ces deux pays était presque à l’équilibre en 2023. Depuis 2020, le solde de la Belgique vis-à-vis de l’Allemagne est devenu progressivement exportateur. Les échanges avec la Grande-Bretagne et les Pays-Bas ont peu évolué au fil des années. La Grande-Bretagne est structurellement importatrice de tous les pays du continent européen, dont la Belgique, en raison de prix plus élevés que sur le continent ; à l’inverse la Belgique est importatrice depuis les Pays-Bas depuis 2020. L’évolution des échanges est influencée par l’installation relativement récente de capacités d’interconnections aux frontières belges. Ainsi la capacité d’échange avec la France a été doublée en 202221, la première interconnexion avec l’Allemagne date de 202022 et celle avec la Grande-Bretagne de 2019.
Vu sa position géographique, une partie des échanges de la Belgique sont imputables à des « flux traversants », allant d’un pays voisin à un autre pays voisin. Notamment, la majeure partie des exportations sur la frontière allemande en 2024 est due à des échanges traversants depuis la France, c’est-à-dire à des importations depuis la France qui sont simultanément réexportées vers l’Allemagne. D’autres flux traversent la Belgique en direction des Pays-Bas. En 2024, le volume des flux traversants allant de la France vers les Pays-Bas et l’Allemagne a représenté 4,7 TWh au total, soit 20 % des exportations de la Belgique.