En 2024, la consommation électrique a cessé de diminuer et enregistre une légère hausse, tout en demeurant très inférieure à celle de la période d’avant-crise
La consommation rompt avec la tendance baissière observée en 2022 et 2023
En 2024, la consommation d’électricité française (corrigée des aléas météorologiques) s’est élevée à 449,2 TWh.
Ce niveau marque une très légère hausse (+3 TWh, soit +0,7 %1) par rapport à l’année 2023 et une rupture avec la tendance à la baisse observée au cours des dernières années, sous l’effet d’un contexte macroéconomique légèrement plus favorable2.
Il demeure toutefois très inférieur à celui observé au cours des années 2010 (de l’ordre de -30 TWh, soit -6%, par rapport à la moyenne de la consommation au cours de la période 2014-2019). Ces niveaux faibles résultent de l’effet combiné de l’augmentation des prix de l’électricité et des actions de sobriété durant la crise énergétique (qui produisent des effets pérennes) ainsi que des progrès continus en matière d’efficacité énergétique intervenus au cours de la dernière décennie.
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Comme pour l’année 2023, les écarts par rapport à la période 2014-2019 ont été les plus forts pendant l’hiver, lorsque le chauffage des bâtiments constitue un levier additionnel pour les économies d’énergie, et les plus faibles pendant les mois de juillet et d’août. Ces mois correspondent à des périodes où l’activité économique ralentit habituellement : la baisse de consommation qui caractérise l’industrie, significative à la fois pendant la crise sanitaire et la crise énergétique, y est donc moins visible, ce qui contribue à réduire l’écart avec les périodes d’avant-crise. Notamment, la consommation électrique des grands consommateurs industriels3 a été inférieure d’environ -7,8 % au mois d’août 2024 à la moyenne des mois d’août pendant la période 2014-2019, contre -13 % pour les autres mois de 2024 comparés aux mêmes mois de la période 2014-2019.
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La consommation électrique de l’année 2024 s’inscrit ainsi en rupture par rapport à la dynamique de forte baisse de consommation observée depuis 2020 sous l’effet successif de la crise sanitaire puis de la crise énergétique. Ces baisses de consommation sont les plus importantes depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
La crise sanitaire avait tiré la consommation à la baisse essentiellement pendant le premier confinement en 2020, qui avait mené à l’interruption d’une grande partie des activités économiques. Une fois ce confinement levé, la consommation était revenue à un niveau proche de celui de la période 2014-2019. Notamment, la reprise économique observée dès fin 2020 et au cours de l’année 2021 avait ramené la consommation à des niveaux proches de l’historique ; début 2022, elle était même légèrement supérieure.
Ensuite, l’année 2022 a connu une triple crise énergétique provoquée par la réduction de la disponibilité nucléaire du fait des contrôles et réparations liés à la corrosion sous contrainte, par la sécheresse qui a fortement affecté la production hydroélectrique en Europe et par l’invasion russe en Ukraine, qui a engendré une importante hausse des prix des combustibles fossiles. À partir du mois d’août 2022, lorsque les prix de l’électricité ont atteint des niveaux historiquement élevés, la consommation électrique a significativement décru par rapport à l’historique. Cette baisse a été moins intense que celle du premier confinement de 2020 mais bien plus longue, puisque la consommation a diminué pendant deux années consécutives (2022 et 2023). L’année 2024 marque donc une rupture de tendance, même si la consommation électrique n’a toujours pas retrouvé les niveaux de la période 2014-2019, malgré la relative amélioration du contexte macroéconomique et la baisse des prix de gros de l’électricité en 2023 et 2024.
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Après deux années de baisse, la consommation des grands consommateurs industriels a crû de 2,4 % par rapport à l’année précédente
En 2024, la consommation des grands industriels a augmenté d’environ 2,4 % par rapport à l’année précédente
En 2024, la consommation électrique des grands consommateurs industriels a augmenté d’environ 2,4 % par rapport à l’année 2023. Les industries électro-intensives avaient été les plus affectées par la crise énergétique : l’augmentation de la consommation de ces acteurs économiques est un signe notable de reprise de leur activité.
Elle demeure toutefois, comme la consommation globale du pays, très en retrait par rapport à ses niveaux historiques : - 12,7 % par rapport à la moyenne de la période 2014-2019 (et -8,2 % par rapport à son niveau de 2021).
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Les effets des crises sanitaire et énergétique sur la consommation de la grande industrie suivent la même temporalité que ceux sur la consommation française dans son ensemble. À savoir, une baisse très significative qui s’est principalement produite au moment du premier confinement en 2020, suivie par une reprise partielle et par une nouvelle baisse importante à partir de l’été 2022, moins marquée qu’en avril-mai 2020 mais bien plus étendue.
Certains secteurs ont été plus affectés par la crise sanitaire (la construction automobile et le transport ferroviaire notamment). D’autres, plus consommateurs en énergie, ont été plus affectés par la crise énergétique : l’industrie chimique, la métallurgie, le secteur du papier- carton, ont subi au plus fort de la crise énergétique une baisse de consommation électrique d’environ 20 % par rapport à la moyenne 2014-2019.
Le secteur du papier-carton, qui avait été fortement touché par la crise énergétique, est celui qui a montré les plus forts signes de reprise de la consommation en 2024 (+9,6 % par rapport à 2023). Le secteur des transports (notamment ferroviaires) a également vu sa consommation augmenter de 2,7 %, soit un peu plus que la moyenne des grands consommateurs raccordés au réseau de RTE. Les industries chimiques et la métallurgie, également très touchées par la crise, ont vu leur consommation augmenter d’environ 1 %. En revanche, malgré la tendance globalement haussière, d’autres secteurs comme la fabrication de produits minéraux non métalliques et l’industrie automobile ont continué d’enregistrer une baisse de leur consommation (environ -5 % et -2,9 % respectivement par rapport à 2023).
La production industrielle française a mieux résisté que celles d’autres pays européens
L’indice de production industrielle française a été en 2024 très légèrement inférieur à celui de l’année 2023. Malgré la légère augmentation des prix des matières premières constatée en 2024 et la dégradation tendancielle du climat des affaires identifiée par les enquêtes de l’INSEE4 la production industrielle en France est demeurée proche de celle de l’année précédente, inversement à celles d’autres pays européens. Notamment, l’Allemagne et l’Italie, qui disposent des deux productions industrielles les plus importantes de l’Union Européenne, ont affiché une baisse de production conséquente en 2024 (respectivement -4 et -2 points d’indice, contre moins d’un point en France).
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La consommation industrielle est soutirée à 40 % sur le réseau de transport (à haute et très haute tension), avec des différences marquées entre les secteurs
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L’électrification des usages est un défi d’ampleur, qui relève du temps long
Même si une électrification des usages est amorcée, notamment dans les transports, ses effets ne sont pas encore suffisamment visibles pour contrebalancer cette baisse. D’une part parce que l’électrification des usages actuels, comme la mobilité, le chauffage qui est encore largement alimenté par les fossiles, ou certains process industriels, est un processus de long cours au sein de systèmes qui possèdent une certaine inertie (renouvellement du parc de véhicules, renouvellement des logements, etc.). D’autre part parce que l’apparition de nouveaux usages (comme la construction d’électrolyseurs) présente aussi un certain délai de mise en œuvre. L’abondance de production décarbonée à bas coût en France en 2024 (qui a été valorisée à l’exportation) montre que dès aujourd’hui le pays dispose des capacités d’accueillir une électrification importante des usages, un atout majeur pour répondre au défi de la transition énergétique, ainsi qu’aux tensions croissantes au niveau géopolitique et à la montée des nouveaux protectionnismes qui peuvent affecter les approvisionnements en pétrole et gaz et les coûts de ces combustibles.
Ces valeurs intègrent les volumes d’électricité autoconsommée en France.
Notamment, les prix du gaz et de l’électricité ont nettement diminué, se rapprochant désormais de ceux de la période 2014-2019 (voir chapitre Prix) et l’inflation est descendue à un niveau proche de 2 % en 2024 après avoir avoisiné les 5 % au cours des deux années précédentes.
Consommateurs raccordés au réseau de transport (haute et très haute tension) géré par RTE (voir focus). Il s’agit majoritairement de grandes industries mais cela inclut quelques grands consommateurs tertiaires.